Les héros de la guitare hawaïenne, leurs choix organologiques

 

3. Les grands utilisateurs des guitares à résonateurs, leurs courants musicaux respectifs.

En vertu des caractéristiques sonore très particulière des guitares à résonateur, qui, selon leur mode de construction, développent des timbres variés, chaque type de modèle, Tricone, simple cône ou Dobro attire en effet une catégorie de musiciens bien précise, à tel point que chacun de ces trois type d’instrument se voit intrinsèquement lié à un genre musical, que ce soit la musique hawaïenne, le blues ou la musique country.

a) Les héros de la guitare hawaïenne, leurs choix organologiques.

C’est assez naturellement que la Tricone devient vite emblématique de la steel-guitar hawaïenne, l’instrument, comme l’ensemble des modèles ultérieurs, étant dès ses origines décliné en un modèle dit espagnol, à manche standard, et en un autre dit hawaïen, muni d’un manche carré et creux, en prolongement de la caisse.

L’endossement de cette guitare par le plus célèbre des guitaristes hawaïens, Sol Hoopii, n’est par ailleurs pas étranger au succès des Tricones parmi les joueurs de solhoopiisteel-guitar. En effet, les notes riches et longues, la délicatesse et les multiples nuances, rendent cette guitare particulièrement adaptée au jeu en lap-steel, et lorsque Sol Hoopii l’essaie, il est conquis.Né en 1902 à Honolulu, Solomon Hoopii Kaai apprend le ukulélé à l’âge de 3 ans puis la guitare à 6 ans. Ces plus grandes influences sont issues de la première génération de guitaristes hawaïens tels que David Kaili, Joseph Kekuku ou Pale K. Lua, qui tous tournent sur le continent des Etats-Unis en 1912. Sol Hoopii y voit une corrélation et dès qu’il atteint ses 17 ans, il part à son tour pour la métropole, à San Francisco, puis dès le début des années 1920, il déménage à Los Angeles où il forme un groupe avec Lani McIntire et Glenwood Leslie : le Sol Hoopii Novelty Trio. Quand il est engagé pour la somme faramineuse de 500 dollars à la fête donnée par George Beauchamp dans la maison de Ted Kleinmeyer en 1926, il est déjà un musicien reconnu ayant beaucoup tourné et dont les titres les plus célèbres sont des adaptations pour la guitare hawaïenne de chansons de jazz et de blues. C’est d’ailleurs lors de cette occasion qu’il acquiert deux Tricones, dont l’une qu’il perd vite au jeu. De par l’énorme influence qu’il joue sur les musiciens hawaïens d’une part, mais aussi dans les milieux du jazz, du swing et de la country, ses enregistrements de la Tricone qu’il acquiert dès 1926 entraînent une explosion des ventes de cette guitare. En effet, après sa  première session d’enregistrement avec une National Tricone en 1926, 90% des d’artistes de musique hawaïenne enregistrant en 1929 utilisent des guitares National, et plus particulièrement des Tricones. Sol Hoopii, de part ses engagements, participe en outre pour le compte de National à des salons de guitares tels que le NAMM show à la fin des années 1920 dans lesquels il promeut ses Tricones, jouant par là un autre rôle dans le succès de ces dernières. Les premiers enregistrements de Sol Hoopii distribués nationalement sont le fait de la compagnie Columbia, et incluent deux séries distinctes, l’une de 1926 à 1929, et l’autre de 1930 à 1931. La première série comprend 44 titres dont 31 sont des chansons hawaïennes, et 13 des morceaux de jazz et de blues. Ce sont les enregistrements qui établissent la célébrité et la réputation de Sol Hoopii, la réalisation de pièces de jazz et de blues étant à l’époque révolutionnaire. La deuxième série quant à elle, comprend 42 titres dont la plupart sont des traditionnels hawaïens, et où la technique de S. Hoopii se perfectionne nettement, comme se sera le cas tout au long de sa carrière phonographique jusqu’en 1951. De tous ces enregistrements, c’est surtout l’extrême virtuosité que Sol Hoopii tire de sa Tricone qui marque ses contemporains, dont beaucoup cherchent à imiter son style frénétique. sample

A l’image de Sol Hoopii, la carrière de Tau Moe et de la Tau Moe Family est d’une exceptionnelle richesse.Né en 1908 à Samoa, Tau Moe s’intéresse dès son taumoeplus jeune âge à la musique, et, inspiré par les enregistrements de Franck Ferera et de Pale K. lua, il commence la steel-guitar à 14 ans. Tau et sa femme Rose s’investissent professionnellement dans la musique en 1926, avant de rejoindre en 1927 avec les trois oncles de Tau Moe le groupe Mme Riviere’s Hawaiians, dirigé par le professeur homonyme d’université française, Mme Claude Rivière. Le style de Tau Moe reste très traditionnel, ses influences étant les représentants des deux premières générations de guitaristes hawaïens, de 1905 à 1915. Les rythmes et mesures que le Tau Moe et Rose Moe au chant utilisent sont le plus souvent binaires, alors que le ternaire est de mise dans tous les autres hulas enregistrés dans les années 1920. Aucune influence de jazz n’est perceptible dans les enregistrements du groupe qui laisse juste apparaître quelques accents de ragtime. La carrière internationale de la famille Moe commence en 1928 par une tournée en Asie qui dure jusqu’en 1934, lors de celle-ci, Tau Moe obtient une National Tricone Style 2 en Inde, commandé par correspondance à Londres, en même temps que Rose Moe se procure une Style O. Tau Moe veut cette guitare depuis qu’il en a vu une dans les mains de Sam Ku West en 1928 à Honolulu, et celle-ci ne le quittera plus pendant sa longue carrière s’achevant dans les années 1970 et pendant laquelle lui et sa famille parcoure la planète entière avec un succès qui ne se dément à aucun moment. C’est sans doutes aussi un facteur de la popularité à la fois de la musique hawaïenne et des guitares Nationales autour du monde. sample

De la vie du guitariste Sam Ku West par contre, peu de choses sont connues. De son vrai nom Sam Ku, ce guitariste slide commence sa carrière dès 1914 et fait ses armes dans un groupe nommé le Irene West’s Royal Hawaiians avec lequel il enregistre certains succès pour la firme Victor au début des années 1920. Il faut ensuite attendre la période de 1927 à 1930 pour le voir enregistrer sous son propre nom pour diverses petites compagnies, accompagné désormais de sa National Style 2 Tricone, mais son style tout en imitation de Sol Hoopii le laisse dans l’ombre de celui-ci. Pourtant le contrat qu’il obtient en 1928 avec la compagnie Victor, concurrente directe de Columbia pour qui enregistre Sol Hoopii, lui assure un certain succès en temps que rival de ce dernier, même si le style de Sam Ku West s’en distingue par un jeu emprunt d’une grande chaleur, doté de magnifiques vibratos sur les notes graves ponctuant ses fins de phases. Les nuances de son jeu en slide sont multiples et il possède une large palette de timbres empruntes d’un sens développé du blues.sample

King Bennie Nawahi (Honolulu, 1899 ; Long Beach, Californie, 1985), de son vrai nom Benjamin Keakahiawa Nawahi, est quant à lui un musicien atypique qui kingbenniemarque à son tour l’histoire de la guitare hawaïenne par ses enregistrements virtuoses pour de nombreuses grandes compagnie dans lesquels il mêle des influences de blues et de jazz, et ce de manière encore plus prégnante que Sol Hoopii. Comme la plupart des musiciens hawaïens, King Bennie Nawahi commence la musique à un âge précoce, et perfectionne son style dans les rues d’Honolulu, où il rencontre notamment Sol Hoopii. Dès 1919, à l’âge de vingt ans, il forme un groupe avec son frère Joe, le Hawaiian Novelty Five, et commence à tourner sur la métropole des Etats-Unis. En plus de démontrer un talent remarquable à la steel guitar, il est un joueur de Ukulélé exceptionnel et multiplie les expérimentations musicales, comme l’illustre un titre de musique hawaïenne qu’il exécute avec les pieds. Sa carrière discographique débute en 1928 pour diverses compagnies et avec différentes formations. Jusqu’en 1931, il en registre 41 titres dont 15 sont des blues et des chansons de jazz avec des groupes d’afro-américains, 12 des chansons populaires ou il exécute de brillants solos, et 14 des chants traditionnels hawaïens. Etonnement, lors de ces enregistrements, King Bennie Nawahi utilise, au lieu de la traditionnelle Tricone, une Triolian à cône unique qui lui donne un style très percussif et staccato, avec la forte attaque et les notes courtes caractéristiques des National monocônes. La suite de sa carrière se déroule principalement dans des clubs et des restaurants dans lesquels il se produit jusque dans les années 1970.sample

 Le groupe Jim and Bob, The Genial Hawaiians est lui aussi entouré d’ombre, en ce que ce que l’on connais d’eux ne dépasse pas la sphère de leurs enregistrements. Néanmoins la poignée de 78 tours qu’ils enregistrent en 1934 et où les deux partenaires utilisent des Tricones démontre l’extrême virtuosité du guitariste slide Robert "Bob" Pauole, dont le nom même est incertain, rivalisant avec celle de Sol Hoopii. Bob dispose en effet d’un jeu dénué de défauts, avec une intonation parfaite, et son éclectisme s’illustre par la confrontation de titres tels que sa version explosive du St. Louis Blues avec des morceaux plus tendres comme Song of the Range, qui démontre le caractère plaintif de son slide, avec des mouvements mélodiques d’une grande vélocité.sample

A la lumière de ces quelques artistes qui ont largement contribué à l’histoire même de la steel-guitar hawaïenne, l’importance de l’invention des guitares à résonateur, et en particulier des Tricones, semble avéré en ce que rare son les artistes du genre à avoir su se départir des guitares National à partir de la fin des années 1920 et ce jusqu’à l’adoption définitive des guitares électriques. La première invention de John Dopeyra marque ainsi une révolution au sein de la musique Hawaïenne, lui ouvrant des possibilités de timbre et de puissance jusque là inédites, et qui transforme dans une certaine mesure les bases traditionnelles de la steel-guitar hawaïenne. De la même façon, les guitares National jouissent vite d’un engouement remarquable au sein des guitaristes de blues, qui cherchent un timbre bien particulier apte à accompagner leurs complaintes tout comme leurs exultations.

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