Comme pour le blues et sa tradition de guitare slide, l’assimilation de cette technique par les hawaïens découle d’une tradition musicale déjà séculaire qui connaît une transformation radicale à partir de l’arrivée des colons européens.
Avant l’arrivée de James Cook et des colons européens en 1778, la tradition musicale hawaïenne est essentiellement axée autour du chant, nommé « mele ». Pour les
hawaïens, le chant revêt un aspect vital de la vie quotidienne et sert de lien entre le monde mortel et celui des dieux, ainsi la tradition musicale hawaïenne est-elle ritualisée et dépasse-t-elle le cadre d’une simple musique de divertissement, elle a un fort rôle social et religieux. Il ne reste que peu de traces de cette tradition musicale d’avant l’arrivée des colons, bien que des enregistrements de chanteurs nés avant 1850 et ayant vécus dans une relative isolation des influences occidentales nous donne de précieuses indications sur ses règles, grâce à de récentes recherches menées entre autres par l’ethnomusicologue Elizabeth Tatar du Bishop Museum à Honolulu. Les chants (mele) se subdivisent en « mele oli » (non accompagnés) et « mele hula » (avec danse ou instruments), ces chants sont présents dans tous les actes de la vie sociale et religieuse.
Les caractéristiques du chant hawaïen sont:
. Des tonalités toujours majeures, sauf de rares exceptions.
. Des harmonies simples : des intervalles de quinte, et plus rarement quartes et tierces.
. Une importance des vibratos d’intensités variables.
. Des coupures de voyelles créant des effets de staccato.
. Des glissandos vocaux.
. Des ponts vocaux dans les aigus proches du style du yodle (ha ‘i). Ces passages en falsetto, appelés « leo ki’eki’e » sont partie intégrante du chant hawaïen depuis longtemps, mais semblent être devenus des éléments centraux de la musique sous l’influence occidentale. L’origine de ces voix de tête est probablement des conversations mixtes appartenant aux textes chantés.
. Des trilles et des « gémissements » (uweuwe).
Le seul instrument à corde antérieur à l’arrivée des colons est le ukeke, un arc en bouche à trois cordes. Les percussions et les instruments à vent sont eux plus 
fréquents, tels que le « ipu », calebasse frappée, le « pahu », un rondin creux surmonté d’une peau tendue, le « uliuli », une crécelle, le « pu », qui est une conque, le « puniu », une coquille de noix de coco frappée, ou encore le « ohe hano ihu », une flûte nasale. Les musiciens utilisent aussi différentes parties de leur corps à des fins percussives.
L’arrivée des missionnaires à partir de 1809 introduit de nouveaux éléments à la musique hawaïenne, dont les représentants apprennent des hymnes (himeni) en choral, les mesures à quatre temps et l’harmonie européenne. Dans le même temps, l’établissement d’Hawaï comme port de pêche à la baleine, puis l’importation de l’élevage bovin et de ses cow-boys, ou pianiolos, apportent aux autochtones un riche répertoire de chants de marins et de mélodies issus des traditions mexicaines, portugaises, italiennes, allemandes et birmanes, dont les mélodies se retrouvent dans certaines œuvres hawaïennes. C’est aussi l’occasion pour les hawaïens de se familiariser avec les instruments de musique occidentaux tels que le violon, la flûte ou la mandoline, puis des cuivres, ainsi qu’avec les marches et différentes formes de valses.
Dans les années 1830, le roi Kamehameha III demande aux espagnols mexicains d’enseigner les techniques de cow-boys aux hawaïens, et cette nouvelle association permet aux hawaïens d’apprendre la guitare importée par ces nouveaux immigrants, bien que les baleiniers aient déjà importé l’instrument auparavant. Les hawaïens y jouent leurs airs traditionnels et adaptent alors ces techniques de guitare pour ériger le style du « slack key », le terme faisant allusion au fait de détendre les cordes pour obtenir différents accordages « ouverts ».Le slack key et ses très nombreux accordages apparaît alors comme une technique de jeu aux doigts où les cordes basses tiennent le rôle rythmique et les aigues celui du chant, et qui permet d’incorporer au jeu de la guitare les éléments stylistiques de la musique hawaïenne tels que les ornements vocaux ou les rythmes caractéristiques du hula, ce par des effets comme les « hammer-ons » ou les trilles, qui seront constitutifs de la guitare slide hawaïenne.
Mais la plus importante période de métissage musical se situe entre les années 1870 et 1890, période pendant laquelle la famille royale devient une des sources les plus prolifiques dans la composition de chansons dans le nouveau style qu’elle instaure. En effet apparaît alors le « mele hula kui », « kui » signifiant la jonction entre ancien et nouveau, et le « himeni », qui revêt la forme d’hymnes vocaux dérivés des chants hawaïens et occidentaux. Ainsi la musique hawaïenne absorbe-t-elle les cadences européennes pour en créer le « turn around ».
Dans la droite ligne de cette volonté d’ouverture au monde musical occidental, le roi Lot Kamehameha engage un musicien prusse du nom de Henry Berger afin de 
réorganiser et de promouvoir l’orchestre royal: le « royal hawaiian band », en plus d’arranger les airs légers classiques et les marches du moment, celui-ci se tient au courant du caractère émergeant de la musique hawaïenne. Partant, il engage des insulaires comme membre de l’orchestre royal, Berger devient donc le premier à collecter les mélodies traditionnelles et à les transcrire sur des partitions. Il joue aussi le rôle de professeur de la famille royal pour ce qui est des rudiments de la musique occidentale, et est conséquemment considéré comme la personnalité la plus influente dans la synthèse originale des musiques occidentales et polynésiennes.
Autour de 1900, une autre phase de développement de la musique moderne hawaïenne apparaît. En effet à cette époque, les contacts entre Hawaï et le continent nord américain apportent d’autres éléments stylistiques occidentaux comme le ragtime ou la substitution des instruments à cordes aux cuivres. La guitare slide, que l’on nomme « steel guitar » à Hawaï, et le ukulélé, dérivé du « braguinha portugais », récemment inventés, sont rapidement intégrés à la musique hawaïenne. Les chants basés sur des textes en anglais et des accompagnements des différentes formes de musiques populaires américaines ou de ragtime apparaissent pour la première fois, promouvant le nouveau genre « hapa haole », signifiant « demi blanc », haole étant une référence aux esprits, les hawaïens attribuant dans un premier temps la pâleur des blanc à un état fantomatique.
C’est conséquemment à tous ces apports stylistiques, ces métissages et ces adaptations à la culture musicale hawaïenne, que la guitare slide a trouvé le creuset propice à sa cristallisation, en ce que celle-ci permit justement la fine alliance du séculaire mele, dont les inflexions peuvent être rendus par la technique du slide, et des éléments populaires occidentaux s’accommodant parfaitement à la guitare. Ainsi la musique hawaïenne est-elle prête à accueillir ses premiers représentant de steel-guitar, tout comme le blues dans lequel une tradition analogue est déjà en germe.