Historique du slide indien

Cette parite est dévolue à la guitare slide indienne, trop méconnue dans nos horizons musicaux préformattés et pourtant d'une richesse étonnante. Je commencerai donc cette page par un petit historique du slide indien, puis poursuivrai par un descriptif des différents instruments dévolus au slide indien. Pour les principaux protagonistes de cette technique instrumentale virtuose, voir la section "artistes".

 

Historique de la guitare slide indienne.

Il me paraît d'abord nécéssaire de préciser l'existence de deux formes musicales indiennes distincte et bien définies, d'une part la musique hindoustani (en anglais Hindustani) qui désigne la musique classique de l'Inde du nord, et d'autre part la musique carnatic de l'Inde du sud. Chaque tradition a ses propres formes bien définies, ses gammes et ses traditions rattachées même si il est parfois difficile à nos oreilles occidentales de distinguer l'une ou l'autre des traditions.

Comme il l'a été abordé dans la première partie de la section "histoire", l'Inde connaît déjà à la fin du 19ème siècle des instruments utilisant la technique du slide. En remontant plus loin, dès le début du 11ème siècle, l'Inde du nord possède un instruement du nom de "eka tantri", une cithare (ne pas confondre avec un sitar) munie d'une seule corde, d'un manche plat et d'une calebasse jouant le rôle de résonateur. L'instrument, qui était tenu en travers du corps, connaissait différentes techniques de jeu, la main gauche tenant un kamkrika, morceau de bambou destiné à glisser le long de la corde, tandis que la main droite grattait cette même corde. L'eka tantri apparaît ainsi comme étant le premier instrument indien utilisant la technique du slide, et a probablement préludé à l'invention de la vichitra vina à la fin du 19ème siècle ou au début du 20ème, un autre instrument, le surbin, ayant peut-être joué le rôle d'intermédiaire entre les deux instruments.

Il ya trois principaux instruments mentionnés dans la littératur védique1, la veena, ou vina le venu et le mridanga. Alors que la veena est un instrument à cordes, le venu est une flute et le mridanga est une percussion. Tous ces instruments sont mentionnés dans le Hindu puranas2 et considérés comme divins, la veena étant considérée comme la plus sacrée. Les dieux et déesses hindous sont souvent représentés jouant de la veena. Sri Saraswati, la déesse du savoir, est par exemple représentée assise sur un lotus blanc et jouant de la veena. La veena est connu depuis des temps immémoriaux et les Puranas, la littérature védique en fait, décrit diverses formes de veena. Des veenas avec un nombre variable de cordes, depuis l'ekatantri veena à une corde jusqu'à une autre possèdant 100 cordes sont mentionnés dans les textes védiques.

Depuis les temps anciens, la veena est considérée comme un instrument divin, et en jouer s'assimile à du yoga, permettant d'amener aux puissances divines comme aux humains le bohneur. Des divinités sont d'ailleurs connues pour leur pratique de la veena, tels que Sri Narata et Sri Tumburu jouant de l'Ekatantri veena. Il existe une légende à propos de ceux-ci et de l'invention de la veena sans frettes, préfigurant la technique du slide en vigueur à partir de la fin du 19ème siècle:

Il y eut un conflit d'égo entre les sages célestes Sri Narata et Sri Tumburu d'où découla une réelle rivalité. Mais il était difficile de les départager, personne n'ayant pu désigner un vainqueur à l'issue d'une compétition que tous deux avaient remporté jusqu'à la dernière épreuve. Chacun cherchait une réponse quant au gagnant, pourtant, le sujet fut clôt jusqu'à ce que le seigneur Narayana (Sri Vishnu), arborant son fameux sourire, se propose d'organiser une ultime compétition qui les départagerait enfin, lors de laquelle le seigneur Anjaneya, connu pour être un maître du Sangeetha Keerthanas, serai le juge. Les deux protagonistes s'entendait sur le fait que personne ne pouvait être meilleurs juge que le seigneur Anjaneya, étant connu pour ses décisions judicieuses et son jugement, une date fut donc fixée pour l'affrontement. Le jour dit, une grande assemblé de devatas3 est présente, entourant Sri Narata et Sri Tumburu, assis chacun d'un côté de l'estrade avec leurs veenas, prêts à jouer, le seigneur Anjaneya étant quant à lui au centre. Ce dernier annonça que Sri Tumburu jouerai le premier, suivi de Sri Narata.

Sri Tumburu commença donc à jouer de sa veena vadhan tant et si bien que les devatas en oubliaent de cligner des yeux, toute leur attention captivée par les sonorités mystiques émanant de l'instrument. Peu à peu ils purent réaliser que le monde arrivait à une position d'immuabilité, dénuée de toute activité.Même les vague s'arrêtèrent, les océans commencèrent à se figer, les oiseaux cessèrent de voler et ceux déjà en l'air stoppèrent leur course en plein ciel. Tels était les effets de la musique de Sri Tumburu. Il éxécutait le raga Amirthavarshini qui est normallement jouer pour apporter la pluie en période de sécheresse, raga qui depuis est souvent joué à contrario pour arrêter les pluies incessantes.

Le seigneur Anjaneya fit alors signe à Sri Narata de jouer à son tour. Sri Narata engagea alors une mélodie sur sa veena vadhan dont les sons hypnotiques commencèrent à mouvoir alentour comme une douce fragance enveloppant l'atmosphère. Les sonorités étaient si douces qu'elles apportèrent une réalisation de chaque chose, ramenant le dynamisme. Les océans commencèrent à fléchir, les vagues à refluer, et les oiseaux entamèrent un vol avec une nouvelle verve. Sri Narata jouait le raga Punnagavarali, qui de nos jours est censé envelopper l'exécutant d'une douce fragance.

Une fois que les concurrents eurent achevé leur démonstration, l'attention de la congrégation se tourna vers le juge, le seigneur Anjaneya. Celui-ci pris un moment de pause puis se leva de son siège et pris possession des veenas de Sri Narata et de Sri Tumburu. Il retourna alors à sa place et entreprit d'ôter chaque frette des instruments. Tout le monde se demandai ce que le seigneur Anjaneya faisait, jusqu'à ce que Sri Narada perde patience et lui demande de rendre son jugement plutôt que de perdre son temps sur les instruments. Le seigneur Anjaneya répondit que tous deux avaient bien joué mais qu'avant q'un jugement puisse être rendu, il leur demanderai de jouer de la veena dans leur état présent, sans frette. Sri Narata et Sri Tumburu répliquèrent qu'il était impossible de jouer de la veena sans frette.

Le seigneur Anjaneya, avec un sourir aux lèvres, pris alors un morceau de bambou et le fit glisser sur les cordes mélodiques en utilisant ses ongles comme d'un plectre. La mélodie qui en découla était sans commune mesure avec celles des sages, les sons mélodieux accompagnés du bourdon d'une continuité appaisante avaient noyé l'audience des Devas dans une joie et un plaisir immence, comparable à l'enivrement d'un nectar. Le seigneur continua à jouer, faisant réaliser à Sri Narata et Sri Tumburu le pouvoir d'une musique pure. L'audience était tellement immergée dans la musique qu'elle ne remarqua pas que le seigneur Narayana lui-même était venu sur la scène pour être témoin de la musique du seigneur Anjaneya. Lorsque ce dernier acheva de jouer, les deux sages s'accordèrent sur le fait que leur musique n'égalait pas celle du seigneur Anjaneya.

Sri Anjaneya vit alors le seigneur Narayana et le saluat. Ce dernier lui annonça qu'il avait été attirer par la musique produite par la veena Adi, dénuée de frette, un instrument précurseur des veenas utilisées par Sri Narata et Sri Tumburu. Le seigneur expliqua aux sages que la musique, si bonne soit elle, devenait sans vie quand elle était enchainée à l'égo, seule la dévotion pouvant engendrer une musique synonyme de vie, pure, réelle et divine. Le seigneur Narayana déclara alors que puisque le seigneur Hanuman4 avait réinventer la forme originale des veenas sans frette, celles-ci seraient désormais appellées Hanumath veena.

Ainsi apparaît, selon la légende, le nom de la principale veena sans frette, la Hanumath veena, qui connaîtra par la suite de nombreuses autres appelations telles que Chitra veena, Mahanataka veena, et dans un passé plus récent le Gottuvadyam.Mais l'instrument a retrouver sa popularité dans les temps modernes sous son nom traditionnel de Chitra veena, particulièrement au sud de l'inde, tandis que le nord connaît lui la Vichitra Vina, une variante de la veena sans frette.

Comme je l'ai déjà mentionné dans la première partie de la section histoire de ce site, le Gottuvadyam comme la Vichitra Vina tous deux de la fin du 19ème siècle, tout comme l'apparition de la technique du slide à Hawaï, il existe d'ailleurs certaines thèses attribuant l'adoption de la technique du slide à Hawaï par l'indien Gabriel Davion (voir La controverse de l'instigateur de la « steel guitar » hawaïenne). Mais la popularité de cette technique de jeu ne surviendra de fait pas avant que l'influence de la musique hawaïenne se fasse sentir en Inde, au début du 20ème siècle.

En effet, c'est dans la fin des années 1910 que les indiens sont pour la première fois confrontés à la musique Hawaïenne, déjà très populaire sur une large partie du globe. Le premier contact du public indien et de la musique hawaïenne date de 1919, et est le fait du groupe "Ernest Ka'ai and his Royal Hawaiian Troubadours", accompagné du guitariste slide Herbert Pahupu Byrnes, qui entame alors une tournée en Asie. Ce dernier s'installera d'ailleurs à Java où il continua à jouer de la musique hawaïenne, à l'enseigner et à fabriquer des instruments hawaïens. Entre 1927 et 1937, Ka'ai fit une autre tournée très étendu en orient ce qui tenderai à expliquer la forte présence de la guitare slide hawaïenne dans le cinema indien. Peu après cette tournée, la "Tau Moe family" fis à son tour une série de concert en Inde et réalisa un enregistrement très populaire en 1941 pour la compagnie indienne HMV, influençant fortement les goût indeins. Tandis que quelques groupes, tel que "Garney Nyss and his Haloha Boys" ou les Calcutta's Aloha Boys jouent de la musique hawaïenne sur des guitares slide, d'autres, comme Brij Bushan Kabra, Sunil Ganguly, Charanjit Singh, Rajat Nandy ou Van Shipley, jouent de la musique classique indienne sur des guitares acoustiques montées pour le jeu en slide. Ainsi, suite à ces rencontres, qui furent vite suivient par bien d'autres, nombreux furent les groupes de musique hawaïenne qui se formèrent dans toute l'asie, dont biensûr l'Inde, et la voie fut donc ouverte à l'adoption de la technique du slide par les autochtones, qui l'adaptèrent vite à leur culture musicale séculaire.

Si le système musical indien connaît une richesse mélodique extrème, il ne connaît pas l'harmonie, les musiciens indiens, lorsqu'ils adoptèrent la guitare slide, modifièrent donc sensiblement la technique hawaïenne, les accords étant abandonnés au profit de lignes mélodiques jouées sur une seule corde, et enrichies de nombreuses et subtiles ornementations. Malgré tout, le slide indien fut longtemps boudé par les élites de la musiqe classique indienne, car jugée trop léger, ce qui destina plutôt dans un premier temp cet instrument à une audience plus "populaire". Il fallut toute la rigueur et la persévérance de Brij Bhushan Kabra pour que la guitare slide indienne soit enfin acceptée au sein de la musique classique indienne. En effet, celui-ci perfectionna la technique du slide indien en esseyant de l'adapter au besoin de la musique indienne en s'inspirant des techniques du sitar et du sarod notamment. Il fut aussi le premier à ajouter des chikaris (cordes servant de bourdon) à la guitare pour obtenir un son plus typique et des possibilité de jeu accru. Suivant son exemple, plusieurs musiciens transformèrent à leur tour la guitare et les techniques de slide, contribuant à une tradition musicale maintenant bien ancrée dans la culture indienne, puisque certaine universités proposent maintenant des classes de guitare slide.

 

Vous pouvez visiter les parties de ce site consacrées aux instruments indiens et aux artistes indiens pour plus d'informations sur cette tradition musicale.

 

1: Qui a rapport aux Vedas (livres sacrés de l'Inde écrits en Sanskrit archaïque).
2: Textes sacrés les plus récents de l'hindouisme écrits pour les fidèles peu cultivés.
3: (ou Deva) Nom générique donné aux divinités des panthéons brahmaniques, védiques, hindous et bouddhiques.
4: Hanuman est le nom principal de Anjaneya, celui-ci connait de nombreuses appelation suivant le contexte dans lequel il est cité, dont Anjaneya, issu du nom de sa mère: Anjana.


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