Il ne faut en effet pas tomber dans l’illusion de penser que la musique hawaïenne et le blues soient restés des traditions isolées l’une de l’autre et du reste du paysage auditif des Etats-Unis du début du 20ème siècle, croissant par le seul fait de leurs protagonistes. Au contraire le succès de la musique hawaïenne et du blues est-il un facteur essentiel à leurs évolutions respectives, par les nouvelle contraintes, dépendances et influences engendrées.
Dès la fin des années 1890 et le début des années 1900, la guitare slide fait partie intégrante de la musique hawaïenne, en devenant même constitutive aux yeux de beaucoup.
En effet, si la première représentation publique connue d’un hula accompagné d’une guitare hawaïenne date de la fête du Jubilé du roi Kalakaua en 1886 avec la 
danseuse Sweet Emalie, le premier enregistrement de guitare slide hawaïenne effectué sur le continent date de 1899 et est le fait de July Paka et Tom Hennessey pour la firme Edison à San Francisco. Si nul extrait de cet enregistrement sur cylindre de cire n’est connu aujourd’hui, il apparaît tout de même comme étant aussi le premier enregistrement de musique hawaïenne et ouvre la voie à de nombreux autres musiciens hawaïens sur le continent. En effet, peu après son arrivée sur le continent américain, July Paka monte un groupe du nom de « Toot’s Paka’s Hawaiians » qui joue dans les plus hauts lieux et aux côtés des plus grands noms du monde du spectacle américain et gagne un tel succès que d’aucun assure la participation du groupe quant à l’institutionnalisation de la musique hawaïenne, qui dépasse ainsi la simple mode, notamment grâce à la guitare slide. Des musiciens comme Franck Ferera
et Pale K. Hua en 1902, Joseph Kekuku en 1904 et Ernest Ka’ai en 1906 suivent alors la voie de Paka et Hennesey et partent pour la métropole, y amplifiant le rôle de la guitare slide qui se répand vite dans les clubs, théâtres et autres vaudevilles. Un grand nombre de gens, des petites bourgades aux grandes villes, découvrent la steel-guitar par ce biais. Des enregistrements sur cylindres de J. Kekuku accompagnant les Toots Paka’s Hawaiians apparaissent d’ailleurs dès 1909 par le biais de la firme Edison, mais le déclin de ce format d’enregistrement limite sa diffusion. Par la suite, la quasi totalité des guitaristes slide hawaïens notables suivent ces deux précurseurs vers la métropole durant les deux ou trois décennies suivantes, tels que Herman Bishaw, Ben Hokea, George E.K.Awa’i ou Walter Kolomoku autour de 1915. Certains, comme J. Kekuku ou Pale K. Lua, ne retourneront d’ailleurs jamais à Hawaï.
Dans le même temps, le « Bird of Paradise », premier spectacle hawaïen de Broadway, débute son ascension au théâtre Daly à New York. L’éclatante scène hawaïenne, ses costumes éblouissants et la musique de cinq musiciens hawaïens dont Walter Kolomoku à la steel guitar en font un succès instantané. S’en suit une tournée aux Etats-Unis et au Canada, où chaque date fait salle comble et attire un publique croissant et toujours renouvelé. La troupe connaît lors de ses tournées plusieurs remaniements, faisant apparaître différents guitaristes slide, et, lorsque le spectacle est réorganisé en 1919 pour une tournée en Europe, c’est le virtuose J. Kekuku qui accompagne le succès croissant de la troupe pendant les huit ans qui voient le publique européen conquis par cette nouvelle esthétique. La popularité du spectacle est telle qu’Hollywood en fait le film « The Bird of Paradise » en 1932, puis à nouveau en 1951.
C’est lors de la « Panama-Pacific International Exposition » de San Francisco, débutant de 20 février 1915, et célébrant le canal de Panama, inauguré en août 1914, 
qu’une autre grande partie du public américain découvre la musique de l’archipel, grâce au pavillon hawaïen qui draine alors la plus grande attention de l’exposition. Le groupe s’y illustrant plusieurs fois par jours est le « Royal Hawaiian quartet », dont le leader est le guitariste slide George E. K. Awa’i, qui deviendra par la suite éditeur de musique. De nombreux autres guitaristes slide y sont invités, tels que J. Kekuku, Franck Ferera, Pale K. Lua ou encore David Ka’ili. Si des groupes de musique hawaïenne comportant de la steel-guitar se produisent dans les foires et les expositions depuis 1901, aucunes n’ont l’impact et n’attirent autant de personnes que la « Panama Pacific Exposition », où Il y a alors 17 million de spectateurs durant les 7 mois où elle se tient. Cette exposition entraîne donc instantanément une explosion des enregistrements de musique hawaïenne, dépassant toutes les autres musiques populaires, puisqu’en 1916, l’industrie du disque des Etats-Unis vend plus de musique Hawaïenne que de tout autre style, à l’instar des firmes Edison, Victor et Brunswick. Cette période voit aussi l’instauration de films accompagnés de thèmes hawaïens, la formation de nombreux autres groupes de musique hawaïenne, et une nouvelle demande d’enseignement du ukulélé et de la steel-guitar.
En effet, c’est à partir des années 1920 que la musique hawaïenne connaît son véritable apogée, cette période connaît parallèlement une deuxième génération de guitaristes slide arrivant sur la métropole, et parmi eux des noms passés depuis à la postérité, comme ceux de Sol Hoopii, Dick McIntire, King Benny Nawahiou Sam Ku West, qui entrent vite dans la légende de la steel-guitar, à travers laquelle la musique hawaïenne devient la première musique étrangère a s’ancrer réellement dans la musique populaire américaine. Les années 1920 voient aussi l’apparition de la publication croissante de méthodes de steel-guitar, et les firmes construisant des guitares dédiées au slide se multiplient. La société Oahu, par exemple, vend, durant les années 1930, des guitares, leçons et partitions à des millions de personnes autour du monde. C’est aussi à partir des années 1920 que les enregistrements de guitare hawaïenne connaissent un remarquable essor et au milieu des années 1930, des stations de radio de Halifax, Tokyo, Hilversum, ou encore Batavia diffusent des programmes réguliers de musique hawaïenne dominés par le son des steel-guitars.
On peut dès lors considérer la musique hawaïenne comme une composante légitime du paysage musicale de l’Amérique du nord, et il faut donc peu de temps à cette
tradition pour dépasser encore une fois ces frontières et se répandre sur l’ensemble du globe. Ainsi la Chine connaît-elle une vogue de steel-guitar hawaïenne dès la fin des années 1920, mais il faut attendre les années 1930 pour voir apparaître quelques artistes chinois pratiquer l’instrument, qui devient très populaire entre 1937 et 1949, particulièrement à Shanghai, où des musiciens comme Sol Hoopii, Sol K. Brightou Dick McIntire sont très écoutés. Des groupes locaux, essentiellement issus des minorités portugaises, se produisent alors chaque soir dans les clubs ou lors de soirées jusqu’à l’arrivée des communistes au pouvoir en 1949, qui interdisent progressivement toute musique étrangère sur le sol chinois. Au Japon, la steel-guitar hawaïenne est tout d’abord introduite par Yukihiko et Katsuhiko Haida, deux frères nés à Hawaï qui retournent dans leur pays d’origine en 1922, munis d’un appréciable talent musical. Les deux frères montent en 1929 le « Moana Glee Club », qui comprend jusqu’à 50 instrumentistes et chanteurs et qui reste jusque dans les années 1940 le plus fameux groupe hawaïen du Japon. Déjà dans les années 1920 et 1930 plusieurs joueurs de steel-guitar font des représentations au Japon, tels que Ernest Kaai, David Pokipala ou Tau Moe, et conjugués aux enregistrement de steel-guitar qui arrive au Japon à partir de 1927 avec le « Lady of Waikiki » de Franck Ferera, cette pratique instrumentale fait de nombreuses émules durant les décennies suivantes. En Asie également, il faut citer la tournée initiée en 1919 par Ernest Kaai et ses Royal Hawaiian Troubadours et le guitariste Herbert Pahupu Byrnes. Traversant Malaya en Malaisie, Sumatra, Bornéo, Java, Burma, l’Inde et d’autres pays d’Asie, cette tournée, suivie par d’autres comme celle du guitariste Ed Mayer, laisse de nombreuses traces en Asie qui s’approprie vite la steel-guitar, en reprenant le répertoire hawaïen d’une part, et allant même jusqu’à adapter cette technique instrumentale aux traditions musicales locales. Tel est particulièrement le cas d’une tradition de steel-guitar indienne qui émerge alors, sous l’influence de guitaristes comme Brij Bhushan Kabra, Sunil Ganguly ou Charanjit Singh.
Loin de se cantonner à une exportation vers l’Asie, la steel-guitar hawaïenne s’exporte d’une manière analogue vers l’Australie, en Afrique, en Amérique du sud, au Canada ainsi qu’en Europe de l’ouest et de l’est, autant de zones géographiques dans lesquels la musique hawaïenne affirme sa popularité croissante entre les années 1920 et le milieu des années 1940, donnant lieu à une forte émulation illustrée par les nombreux musiciens pratiquant la steel-guitar hawaïenne autour du globe pendant cette période.
Si donc le succès de la musique hawaïenne est fulgurante mais s’éteint progressivement sous un manque de renouvellement, il va tout autrement du blues qui, longtemps cantonné à une unique minorité ethnique, doit attendre une lente acceptation des auditeur pour enfin devenir une musique s’exportant hors des oreilles de ses propres représentants.